Butterfly

Chapitre 1 – Tout commence par la musique. ♫

Dans une ville perdue de Corée, une jeune fille naquit. Elle avait un nom, oui, c'était Nabi. Prénom rare, effectivement. Nabi, comme le papillon. Sa mère aimait les papillons. Les papillons naissent, en cocon, grandissent peu à peu, s'épanouissent et enfin, déploient leurs ailes. Elle voulait que sa fille devienne un papillon. Seulement, elle ne peut pas assister à cet épanouissement. Elle mourut en donnant vie à Nabi. Nabi s'est mise à vivre avec son père, dépendant pratiquement d'elle-même. Son père n'était pas ce qu'on peut dire un papa poule, loin de là. Il travaillait, sans cesse. Il n'était même pas directeur, non, il était simple vendeur et pourtant, il négligeait sa fille. Elle finit par se retrouver seule, à ses 9 ans, lorsque son paternel a été victime d'un accident; ou d'un meurtre plutôt. Il savait comment s'attirer des ennuis. Il n'a pas voulu payer les intérêts de son gros prêt fait auprès de gens pas très honnêtes...

L'orphelinat n'est pas aussi horrible que Nabi le pensait. Au moins là, les gens prennent soin d'elle. Les enfants sont devenus ses frères et sœurs et les bonnes sœurs étaient comme des mères. Ce jour-là était un samedi après-midi d'été. Cela fait maintenant trois mois que la jeune brune est orpheline. Et aujourd'hui, comme tous les samedis, c'était le jour des visites. Cependant, Nabi n'avait personne. Ni frères, ni sœurs, ni cousins, ni tante. Elle n'avait vraiment personne. Et comme d'habitude, lorsque les enfants cours vers la barrière pour accueillir les quelques parents qui viennent les voir, Nabi reste toujours dans ce coin, derrière un arbre à les regarder de loin. Au fond d'elle, elle n'aime pas la solitude. Ce samedi-là était différent. Non pas que quelqu'un était venu la voir mais plutôt qu'elle n'allait plus être seule pour longtemps. Une musique lui venait à l'oreille. Du piano. Il venait de l'église. Étrange... Personne n'est censé y être à cette heure-là. Elle avait peur mais sa curiosité infantile prit le dessus. Qui était-ce ? Se demandait-elle. Elle sert contre son cœur son petit nounours en forme de papillon - le dernier cadeau que sa mère lui avait laissé avant même qu'elle naisse – et marche prudemment vers l'église. Le son devient de plus en plus fort. Des jolies notes qui semblent flotter dans l'air.

Elle parvient à la porte et la pousse légèrement, laissant quelques centimètres pour pouvoir glisser un œil. Elle entrevoit une silhouette devant le beau piano à queue noir. Une petite silhouette. Un garçon, qui doit avoir le même âge que la jeune brune. Il jouait, les yeux fermés, une mélodie. Ce n'était pas Mozart mais il se débrouillait vraiment bien. La petite fille le fixe, serrant toujours sa peluche contre elle. Il avait l'air triste et perdu. Cela se ressentait dans sa musique. Son morceau arrivait à sa fin. La jeune fille se hâte pour partir pour ne pas le déranger mais manque une marche et tombe. Le bruit surprit le garçon qui se retourne net.

- Qui est là ? demande-t-il paniqué.

La jeune fille se relève, sans dire un mot, ramasse son nounours et s’enfuit en courant. L’inconnu quitte son siège et se hâte vers la sortie. Il n’y trouve plus personne, seulement un morceau de tissu bleu déchiré avec un peu de sang et une barrette en forme de papillon, jonchant le sol. Il ramasse la barrette, en déduisant qu’il s’agissait d’une fille.

Nabi court toujours vers son coin secret. Elle s’était blessée au genou lors de sa chute. Elle ne sait même pas pourquoi elle s’est soudainement mise à courir. Elle s’assoit en tailleur, sous son arbre, et à l’aide de son doigt qu’elle a mouillé avec sa langue, elle tente d’effacer le sang sur son genou. Mais la blessure pique, et elle commence à avoir les larmes aux yeux. Elle retourne auprès des bonnes sœurs, n’ayant toujours pas remarqué la barrette qu’elle a perdue.

- Nabi, tu es blessée !? lui demande Chaeyoung, une des bonnes sœurs. Viens, allons te soigner !

Elle prend la petite fille par la main et l’emmène à l’infirmerie. Chaeyoung ne pose pas de question. Elle connait très bien la personnalité de Nabi et sait qu’elle ne répondra pas. Ce n’est pas la première fois qu’elle se blesse comme cela. Nabi regardait par la fenêtre pendant que l’infirmière passe l’alcool sur son genou. La brune pousse un petit cri puis se laisse faire. Les enfants sont toujours avec leurs visiteurs. Certains retrouvent leur mère, leur père, d’autre leur oncle et tante. Ils ne sont pas seuls. Mais au milieu de tous, un garçon seul. Nabi reconnait le bandana vert que portait le joueur de piano autour de son cou. Il était là, toujours de dos. Elle se baisse d’un coup pour ne pas être vue. Toujours cette question à l’esprit « Pourquoi ? ». Oui, pourquoi se cache-t-elle de lui ? Elle ne le connait pas, il ne la connait pas et ils n’ont aucune raison de se cacher. Mais Nabi sentait au fond d’elle qu’il lui ressemblait. Lui aussi n’attendait personne. Lui aussi se sentait seul. Lui aussi, était orphelin. L’infirmière la coupe dans ses pensées.

- Voilà ma grande, c’est fini ! Fais attention la prochaine fois !

- Merci … murmure Nabi.

Chaeyoung accompagne l’orpheline dehors et décide de lui tenir compagnie. Elles s’assoient sur le banc et discutent de ceci et cela. Cinq minutes s’écoulent et Chaeyoung arrête sa discussion. Elle lance un regard au-dessus de la tête de la jeune fille et sourie.

- Viens ! crie-t-elle à quelqu’un un peu plus loin.

- Non !

- Arrête de faire ton dur, ça ne te mènera nulle part !

Nabi se tourne et reconnait de suite le bandana. C’est lui, de face cette fois. Son visage aussi blanc et pur qu’une poupée, ses petites lèvres rosées et son corps svelte. Une mèche de cheveux cache ses yeux. Il ne sourit pas. Nabi le contemplait de haut de bas. Elle semblait le comprendre, sans même avoir à lui parler. Son regard repoussant tout contact humain ne le l’atteignait pas. Elle avait le même en arrivant. Elle s’est trouvé au masculin.

- Nabi, peux-tu essayer d’aller lui parler ? Il est nouveau mais ne veut se rapprocher personne.

- Pourquoi moi ?

- Tu as le pouvoir d’apaiser les personnes.

- Je ne comprends pas…

- Ton innocence réussira peut-être à lui briser sa coquille.

La brune ne voyait pas ce qu’insinuait Chaeyoung. Mais elle l’écouta. Toujours sa peluche à la main, elle chemine vers le garçon. Il regardait ailleurs. Le portail. Il voulait partir, cela se voyait. Arrivée à deux mètres de lui, elle aperçoit une goutte brillante sur sa joue. Elle se stoppe et hésite à s’approcher plus. C’est comme s’il y avait une barrière transparente autour de lui. Nabi est immobile. Elle continue de fixer le garçon, qui se tourne alors. Mais prise de surprise, elle s’enfuie et laisse tomber sa peluche. Le garçon la voyait courir en boitant, vêtue d’un t-shirt blanc et d’un pantalon bleu. Il sort alors la barrette de sa poche et l’examine. Un papillon. Il ramasse la peluche par terre, encore un papillon. Elle boite, donc elle s’est blessée. Le sang sur le morceau de tissu bleu. Il avait compris. Elle était celle qui l’avait espionné juste avant. Il poursuit la jeune fille et la rattrape un peu plus loin. Il lui choppe le bras et l’arrête dans sa course.

- C’était toi, à l’église, tout à l’heure, n’est-ce pas ?

- Aie… Je… Lâche-moi… J’ai mal.

Il remarque la fermeté avec laquelle il tenait le bras faible de la fille et lâche sa prise.

- Excuse-moi…Pourquoi tu me suivais ?

- Je… Je voulais seulement écouter…

- Ecouter ?

- Oui…

- Pendant l’heure des visites ? Et ta maman ? Et ton papa ?

Un court silence s’installe. Silence brisé finalement par la petite fille, chuchote-elle en sanglotant :

- Je n’ai personne… Je suis toute seule…

Une larme franchit la barrière de ses paupières pour venir couler le long de sa joue. Elle a tenté de la retenir mais ses émotions parlent pour elle. A ce moment-là, le garçon change de visage. Son impassibilité et sa froideur laisse place à un air choqué et ému à la fois. Il pouvait la comprendre. Lui non plus n’a personne. La petite fille tombe à genoux, oubliant une seconde qu’elle était blessée. Elle pousse un cri et remarque que la blessure ressaignait. Le garçon se met à genoux, prend délicatement la jambe de Nabi et souffle sur la blessure. Il détache son bandana et enroule la blessure avec. Nabi le regardait, tout en essuyant ses larmes.

- Merci…

Pour la première fois, le garçon sourit. Nabi ressent quelque chose qu’elle n’a jamais ressenti jusqu’à lors. L’impression d’être importante aux yeux de quelqu’un. Le garçon redonne le nounours et sort de sa poche la barrette.

- C’est à toi, non ?

- Oh… dis-elle en attrapant les objets et les serrant contre elle comme si elle craignait de ne les avoir perdus à jamais.

- Tu sembles beaucoup y tenir…

- Ui… Me… Merci.

Elle sort alors de sa poche une sucette qu’elle gardait pour son gouter et la tend au garçon.

- Je m’appelle Nabi…

- Oh, je comprends mieux maintenant ! dit-il en souriant. Je suis Jonghyun.

Chapitre 1: Tout commence par la musique

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